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DOSSIER

La Traite des Noirs : Le point de départ, l'île de Gorée

Ceux qui pendant des siècles franchirent le seuil de la forteresse de Gorée avaient perdu leur nom en échange d'un numéro.(Extrait du code noir) On les avait fait courir, sauter, parler, bouger... Ils avaient été palpés, pesés, examinés comme du bétail. On avait inspecté leur dentition et chaque partie de leur corps. On les avait marqués au fer rouge, à la poitrine et au dos, et enchaînés deux par deux. Et ils quittaient le continent qui les avait vus naître pour un autre dont ils ignoraient tout. Chacun avait sa spécialité: le jeune homme vigoureux et sain était l'outil agricole par excellence, les jeunes filles valaient plus que les femmes. Les garçons de moins de quatorze ans et les filles de moins de douze ans étaient vendus séparément de leurs parents. Il y avait beaucoup d'autres forteresses comme celles de Gorée en Afrique. Les Hollandais avaient la haute main sur la Côte d'Ivoire, les Français sur la Mauritanie et aussi sur l'actuel Nigéria, qu'ils se disputaient avec les Anglais etc...

L'ESCLAVAGE LA PLUS GRANDE DEPORTATION DE 'HISTOIRE HUMAINE.

La plus gigantesque déportation de l'histoire, celle des noirs aurait coûté à l'Afrique cent millions d'hommes, environ deux fois la population de la France Elle fut commise par des nations qui se disaient chrétiennes. Leur but était de se servir d'une main d'œuvre gratuite dans les plantations des Amériques. Au XVème siècle, un gigantesque trafic se met en place entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. Dés son second voyage, Christophe Colomb amène une cargaison d'esclaves sur le continent américain. Mais ce sont les portugais qui vont vraiment démarrer le système. Au XVI ème siècle, pour lancer les plantations sucrières au Brésil, ils font venir cinquante mille noirs. Bientôt, les Antilles en font autant. Pendant quatre siècles, de douze à quinze millions d'hommes, de femmes et d'enfants vont être transportés à fond de cale, comme des marchandises, à travers l'océan Atlantique. Ce sont des Africains, des noirs, des nègres, troqués en Afrique même contre des produits européens souvent excessivement insignifiants. Les commerçants européens qui vivaient de ce trafic étaient appelés "négriers"

LA TRAVERSEE DE L'ATLANTIQUE SUR LES NAVIRES NEGRIERS .

Les capitaines entassaient jusqu'à 600 esclaves et plus dans des navires prévus pour en contenir 450, Parqués nus dans les entreponts, beaucoup d' esclaves mouraient dans les fièvres et les vomissures.La traversée de l'Atlantique durait plusieurs mois dans des conditions de surpopulation et d'hygiène épouvantables. Chaque captif disposait d'une surface d'un mètre soixante de long et de cinquante centimètres de large. Une petite dose de bromure était ajoutée à leur soupe quotidienne pour endormir leurs appétits sexuels et les rendre indifférents à leur sort. Mais le comble de l'horreur fut atteint après que la traite des noirs eut été officiellement interdite. Afin de ne pas être pendus pour piraterie, certains capitaines négriers avaient trouvé un moyen expéditif de se débarrasser de leur cargaison, relier les esclaves à une chaîne terminée par une ancre. En cas d'arraisonnement, il suffisait de jeter l'ancre, la cargaison suivait. Les captifs mouraient donc tous noyés sans avoir pu tenter de se sauver.

LES REVOLTES D'ESCLAVES.

Aux États Unis, on a longtemps minimisé les révoltes d'esclaves. Pourtant, elles ont été nombreuses. Et les propriétaires de main d'œuvre noire en avaient une peur permanente. C'est pourquoi toute tentative de soulèvement était réprimée avec une extrême brutalité (mains, oreilles ou pieds coupés...) En dehors de la fuite, il existait peu de moyens de s'échapper de l'esclavage. L'affranchissement (c'est à dire la possibilité de devenir libre) était offerte par le maître parfois.

LE CODE NOIR.

L'esclavage était réglementé par le fameux code noir, promulgué par Louis XIV en 1685. C'est le texte juridique le plus monstrueux des temps modernes.
Article 12: " Les enfants qui naîtront de mariage entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves..."
Article 34: " Et quant aux excès et voies de fait qui seront commis par les esclaves contre les personnes libres, voulons qu'ils soient sévèrement punis, même de mort..."
Article 44: " Déclarons les esclaves être meubles, et comme tels entrer en la communauté, n'avoir point de suite par hypothèque..."
Voltaire, qui  s'est   toujours  battu  pour  que  la  tolérance  et   la justice triomphent,  lui-même disait: " La race des nègres est une espèce d'homme différente de la nôtre, comme la race des épagneuls l'est des lévriers." La réalité de l'exploitation coloniale était loin de Versailles et l'exotisme embellisait tout.

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