1ère STI : la démocratie française de 1848 à nos jours

1ère STT : l'évolution politique de la France de 1848 à 1939

Un texte

Léon Gambetta à Romans
A l'entrée du " Ciné Planète ", place Jean Jaurès, sont apposés, sur le mur extérieur, un médaillon et une plaque portant l'inscription " Ce 18 7bre 1878 où Léon Gambetta, venu à Romans, sur l'invitation de M. Christophle, député, a prononcé ici son grand discours-programme ". Souvenir bien mérité car ce discours est un des événements majeurs : la République Française est alors menacée, il faut la sauver et l'installer définitivement ! La visite de Gambetta, grande figure du mouvement républicain, s'inscrit en effet dans un contexte politique dramatique. Depuis octobre 1877, la majorité des Députés est républicaine alors que le Président de la République, le maréchal Mac-Mahon, est, paradoxalement, royaliste et conservateur. Le Sénat devient alors l'enjeu des luttes politiques, un tiers de ses membres doit être renouvelé en janvier 1879 ; les sénateurs étant élus par les conseillers municipaux, d'arrondissement et généraux. Dans les mois qui précèdent, l'objectif de Gambetta est de convaincre les notables de province de porter leurs voix sur les candidats républicains. En septembre 1878, il choisit de se rendre dans le nord du département de la Drôme, dont le député, Isidore Christophle, est un de ses meilleurs amis. Gambetta arrive à Romans, le 18 Septembre, à 11 h. Les fanfares font entendre des morceaux patriotiques et exécutent la Marseillaise. Gambetta est reçu par Jean-Pierre-Jules Rivoire, le maire républicain désigné en février 1878, et tout le conseil municipal. Le cortège se met en marche. Sur tout le parcours sont dressés des arcs de triomphe aux armes de la République. Les fleurs pleuvent sur le cortège, on en jette de toutes les fenêtres. Les cris de " Vive Gambetta ! Vive la République ! " sont poussés par plus de " 40 000 personnes ". Sur la place d'Armes, dans le clos Eisenreich (aujourd'hui "Ciné Planète"), les républicains romanais ont édifié une immense construction recouverte d'une bâche ; 5 à 6000 personnes s'y trouvent réunis. La plupart des élus de la Drôme et de l'Ardèche sont présents ainsi que les envoyés de tous les journaux de Paris. Gambetta commence son discours, qui durera plus de deux heures, en dénonçant le comportement du Président de la République puis rappelle l'importance de l'élection sénatoriale : " Nous aurons véritablement fondé la République que le jour où nous pourrons répondre victorieusement à un fauteur de restauration monarchique ". Gambetta aborde aussi également la question des relations entre l'Etat, l'Eglise : " (...) Le devoir de l'Etat républicain et démocratique est de respecter et de faire respecter toutes les religions et tous leurs ministres dans la limite de la légalité. Il faut refouler le cléricalisme, amener le laïque (...) ; élever des écoles, créer des maÎtres. II faut que l'on enseigne les lois constitutionnelles et, à côté, les devoirs de l'homme et du citoyen. Il faut commencer par réunir les esprits pour rapprocher les cœurs. Voilà pour l'enseignement primaire (...) ". Quatre mois plus tard, les Républicains conquièrent le Sénat, et l'un d'entre eux, Jules Grévy, devient Président de la République, à la place de Mac-Mahon. Dans les mois qui suivent, est inaugurée la série de réformes démocratiques énoncées dans le discours de Romans : les plus connues sont les lois Ferry, de 1881-1882, sur " l'école primaire gratuite, obligatoire et laïque ".

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