Module Histoire
Seconde / Partie V : "La Révolution et les expériences politiques en France jusqu'en 1851"
Sujet - "L'hiver 1788 - 1789 à Romans, entre crise économique et revendications politiques"
 
Objectif pédagogique : comprendre, à travers un exemple d'histoire locale, les facteurs qui, en 1788-1789, ont abouti à la Révolution Française.
Méthode transférer les informations données par le texte dans le schéma ci-joint en répondant à la problématique suivante : quels enchaînements de facteurs économiques et politiques ont amené à la convocation des Etats Généraux et aux revendications exprimées par les députés ?
 
En ce Noël de l'année 1788, les 6000 habitants de Romans attendent des réponses et des solutions à cette crise qui les appauvrit depuis une décennie. La production romanaise doit en effet affronter une concurrence étrangère redoutable, notamment anglaise. Les fabricants de draps (tissus) ne produisent " presque plus rien ". En 1782, les consuls romanais s'inquiètent de l'émigration de 14 ouvriers "partis depuis quinze jours pour aller chercher du travail à Annonay, à Crest et ailleurs […] ", et constatent " une diminution de la population et de la consommation des denrées". Conséquence du chômage, la mendicité : régulièrement des convois de mendiants accompagnés par des " cavaliers de maréchaussée " traversent la ville à destination des prisons de Valence ou de Grenoble. A ce sombre tableau s'ajoute la crise alimentaire. Dans les campagnes, la production est insuffisante, notamment celle des " grains " (les céréales), base de l'alimentation. A Pizançon, la production ne suffit à la nourriture des habitants que pour huit mois : " Il n y a pas de vin, peu de fruits comme les noix el les amandes mais des légumes et des pommes de terre ". Depuis le début du règne de Louis XVI, à Romans, comme ailleurs, le prix des grains est élevé. L'hiver 1788-1789 est rigoureux, l'Isère est prise par les glaces, ce qui amplifie la disette : faute de grains, les marchés ne se tiennent pas, privant les Romanais de produits alimentaires. Parallèlement à cette crise économique et sociale, Romans est le théâtre d'une grande activité politique. Louis XVI avait convoqué les Etats Généraux à Versailles, le 5 mai 1789. Dans toutes les provinces, il faut élire les députés. Depuis le début de décembre 1788, est réunie, à Romans, l'assemblée des représentants du Dauphiné, les " Etats du Dauphiné" qui ont à choisir les députés de la province qui se rendront à Versailles. Ils doivent être capables d'imposer à une monarchie absolue endettée une réforme des institutions. Pour les bourgeois et nobles " libéraux " réunis à Romans, les Etats Généraux n'ont pas d'autres objectifs. Il est demandé aux députés du Dauphiné : " de procurer à la France, une heureuse constitution qui assure la stabilité des droits du monarque et de ceux du peuple français […], qui rende inviolable et sacrée la liberté personnelles de tous les citoyens ", qui ne permette pas qu'une loi soit établie […] sans le consentement des représentants du peuple, réunis dans des assemblées nationales […], qui ne permette pas que les ministres, les tribunaux et aucun des sujets du monarque puissent violer les lois impunément. Qu'il soit fait aucun emprunt, qu'aucun subside soit perçu, sans le consentement des Etats Généraux, en préférant les genres d'impôts et de perception les plus susceptibles d'être également répartis sur tous les citoyens ". Il est défendu aux député " de s'occuper des subsides avant que les bases de cette constitution soient établis " mais ils sont pouvoir définir " une réforme des abus relatifs aux tribunaux ". Le premier trimestre de 1789 se poursuit dans un contexte tendu. A Romans, le paroxysme de la disette est atteint le 21 avril : seules 5 voitures chargées de grains arrivent sur le marché, le mécontentement des Romanais se transforment en émeute. Partout en France, des scènes comparables se reproduisent. Quinze jours plus tard, c'est dans ce climat d'exaspération que s'ouvrent à Versailles, et en présence de Louis XVI, les Etats Généraux.

L. Jacquot, professeur d'histoire, Lycée du Dauphiné, avril 2004.

 


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